La mondialisation
L’impact de la mondialisation sur le capital investissement s’est traduit essentiellement :
• par l’origine des fonds levés : aussi bien en France qu’au Royaume Uni, envi-ron 50 % des fonds levés sont apportés par des investisseurs étrangers ;
.dans la politique d’investissement des sociétés de gestion qui ont tendance à penser de plus en plus globalement ; c’est ainsi qu’Ardian, CVC, KKR ou Carlyle développent leurs activités dans le monde entier (CVC dispose de25 bureaux dans toute l’Europe, en Asie et aux États Unis) ;
.dans l’organisation des équipes de gestion et l’allocation des ressources.Ainsi, les grands fonds implantent de plus en plus d’équipes dans chaque zone importante avec un fonds spécifiquement dédié à cette zone, comme celui de Morgan Stanley pour l’Asie. Cette stratégie est vouée à diminuer les risques conjoncturels en essayant de trouver des relais de croissance dansdes zones dont les cycles sont différents et, en tout cas, de profiter pleinement des zones avec des croissances élevées.
La zone Asie Pacifique avait suscité un solide espoir au début des années 2010.Les investissements ont atteint 147 milliards de dollars en 2023, qu’il faut compa-rer aux 359 milliards en 2021, mais toujours en retrait par rapport aux 190 milliards pour 2018. Les raisons de ce déclin sont à chercher dans un ensemble de raisons politico-économiques : crainte sur la continuité du régime communiste en Chine,réduction de la croissance économique, accouplée à des taux d’intérêt élevés surla dette, et volatilité des marchés boursiers. En particulier, le Private Equity en Chine marque un recul significatif que les récents chiffres de 2024 confirment. En effet,selon PitchBook, les levées de fonds dans la zone Greater China ont évolué de lamanière suivante (en milliards de dollars) :
•42,47 en 2014 ;
•42,96 en 2019
-17,23 en 2024
Malgré ces éléments, la part des actifs sous gestion reste au niveau mondial à 27 % en 2023, à comparer à 21 % en 2018. Elle reste la deuxième zone dePrivate Equity en 2023, devant l’Europe, avec 100 milliards d’euros de fonds levés en 2023.
En ce qui concerne le marché d’Amérique latine, l’outil statistique n’étant pasdéveloppé, peu de chiffres sont disponibles. Preqin rapporte que les actifs sous gestion (AUM) auraient atteint 49,2 milliards de dollars en mars 2023.
La situation est un peu meilleure en Afrique : les volumes d’investissements sont passés de 2,3 milliards de dollars en 2021 à 7,6 milliards en 2022, puis un retour à 5,9 milliards en 2023, significativement plus haut que la moyenne de 4,7 milliards pendant la période de 2012 2023. Mais le Private Equity africain reste en volume très modeste par rapport aux trois autres blocs géographiques.
Un constat s’impose : l’Amérique du Nord demeure l’excellence dans le domaine du PE, tant du point de vue des volumes que des retours sur investissement
La domination du capital risque américain
Même si les statistiques des dernières années montrent un redémarrage à la fois des opérations et des sorties, le capital risque européen fait encore pâle figure par rapport à son homologue américain, tant sur le plan des fonds investis que sur le plan des rendements. Selon les données de McKinsey pour 2023, les actifs sous gestion (AUM) en Europe s’élèvent à 203 milliards de dollars, tandis qu’aux États-Unis, ils atteignent un impressionnant total de 1 063 milliards de dollars. En 2023, les fonds de capital risque américains ont investi environ 223,5 milliards de dollars, selon les chiffres de PitchBook et NVCA. Par ailleurs, les fonds européens ont investi 13 milliards d’euro, d’après les données d’Invest Europe. La différence est colossale. Récemment, Nicolai Tangen, managing director du fonds souverain norvégien, qui est le plus grand fonds souverain, a déclaré que « l’Europe est moins travailleuse, moins ambitieuse que les États-Unis, et le fossé entre les deux continents ne fait que se creuser ». Si l’on regarde les chiffres, il a certainement raison. Mais si l’on considère d’autres indicateurs, la partie n’est pas perdue. En mars 2022, Goldman Sachs constate que l’écosystème européen des start-ups a connu une croissance deux fois plus rapide que celle des États-Unis au cours des sept années précédentes. Les performances des fonds européens soutiennent la concurrence avec les fonds américains. Malgré la domination des sociétés de l’IA, les pays européens dominent le marché grâce à ces centres de recherche académique. Et la France cumule la position de pays européen le plus attractif pour les investisseurs en 2021 et entre dans le top 10 du classement mondial de l’attractivité des pays pour le capital risque et le capital investissement.
L’ouverture du private equity au grand public
Le PE a traditionnellement été considéré comme une classe d’actifs réservée aux institutionnels. Il a suscité corrélativement des discussions sur son accès aux investisseurs individuels. Les efforts de la SEC (Securities and Exchange Commission) ou de France Invest (Dossier : rendre le capital investissement ACCESSIBLE) pour accroître la transparence et l’accès aux marchés privés reflètent cette tendance. Depuis ces dernières années, des initiatives pour un accès direct par le public au PE voient le jour. La plus notable est la levée de successivement trois fonds par la BPI en 2021, 2022 et 2023 de chacun 200 millions d’euros, accessibles pour le dernier à partir de 1 000 euros, et, plus récemment, du FCPR BP, France Entreprises 3. Nextage Croissance et Equity Assets Multi Strategies lui ont emboité le pas. Par ailleurs, des structures du type d’Altaroc proposent d’investir dans le Private Equity, soit dans un fonds de fonds et directement au sein d’opérations de PE. Le ticket d’entrée est réservé aux clients et/ou à ceux qui ont l’intention d’investir 100 000 euros qui acceptent les aléas du risque de perte et du risque de liquidité