Les rapports 2024 des associations professionnelles et des cabinets de conseil sur le private equity tentent de rassurer, mais les faits sont têtus : baisse des valorisations, difficultés de sortie, essoufflement des levées de fonds — autant de signaux qui contredisent le récit d’un secteur toujours performant.
41. Quels rapports ?
Le printemps en PE est très naturellement la saison des rapports d’activité pour l’année qui précède ( soit 2024) et qui couvrent soit des zones géographiques spécifiques ( généralement issues des associations professionnelles nationales du type France Invest : www.franceinvest.eu/activite-du-capital-investissement-francais-en-2024/ ou celui de l’Europe , InvestEurope : www.investeurope.eu/about-us/who-we-are/invest-europe-2024-highlights/)
ou encore les deux établis par les firmes stratégiques mondiales :
et McKinsey: www.mckinsey.com/industries/private-capital/our-insights/global-private-markets-report#/
A noter , la publication par Bain d’un Private Equity Midyear Report 2025 le 1er Juin 2025:www.bain.com/globalassets/noindex/2025/bain-report__midyear-private-equity-2025.pdf
Ce n’est pas une surprise pour les passionnés de statistiques mais il n’existe aucune vision globale pour les États Unis . En effet la NVCA ( nvca.org/document/nvca-2025-yearbook/) est l’association professionnelle qui représente uniquement l’industrie du capital-risque (venture capital) aux États-Unis alors que l ‘AIC (American Investment Council) représente principalement les acteurs du private equity « mid-to-late stage » : buyouts, growth equity, infrastructure, distressed assets, etc. Elle délivre des rapports compilés par Pitchbook qui sont loin d’égaler la qualité et le coverage des européennes :/www.investmentcouncil.org/wp-content/uploads/2025/02/2024-Q4-AIC-Trends-Report-Final
Donc pour le plus grand pays du PE pas de statistique globale
Pour le reste du monde , on se contentera de :
– pour l’Inde , le récent rapport de Bain :https://www.bain.com/insights/india-private-equity-report-2025/
– pour la Chine ,la qualité est peu fiable pour trois raisons :
1. Manque de transparence.De nombreux deals ne sont pas rendus publics ou bien les données sont incomplètes (montants, structure, co-investisseurs).
2. Problèmes de classification.Les frontières entre PE, VC, family offices, fonds publics ou industriels sont parfois floues et beaucoup d’acteurs sont hybrides (fonds semi-publics, fonds gouvernementaux type « guidance funds »).
3. Poids de l’État.Une part croissante des financements en PE en Chine est assurée par des fonds soutenus ou co-financés par des entités étatiques.
– pour l’Afrique : www.avca.africa/media/fcpjt4s3/2024_avca_african_private_capital_activity_report_apca_public.pdf
ainsi qu’un rapport pour la zone MENA : https://files.pitchbook.com/website/files/pdf/H2_2024_MENA_Private_Capital_Breakdown.pdf
– pour l’Amérique latine , les données sont payantes :www.lavca.org/research/
Comme on peut le constater , pour un secteur, spécialiste du chiffre , il est encore bien difficile d’obtenir une vision mondiale claire , tant les données sont hétérogènes .Deux exemples tirés des rapports Bain et McKinsey :
– levée de fonds BO monde en milliards de $ pour 2022 2023 2024
McKinsey 352 501 376
Bain 403 523 401
– % levé par les10 plus grands fonds
McKinsey 24 28 25
Bain 37 35 36
Mais avant de revenir dans un prochain article sur les principaux enseignements sur ces deux rapports globaux et pour positionner notre réflexion voici la répartition des levées de fonds en PE par région en 2024, en excluant les stratégies multi-régionales ( données extraites de Private Equity International :
Région | Montant levé (en milliards USD) | Part relative (hors stratégies globales) |
---|---|---|
Amérique du Nord | 335,7 | 70,6 % |
Europe | 79,8 | 16,8 % |
Asie-Pacifique | 49,4 | 10,4 % |
Amérique latine | 5,1 | 1,1 % |
Moyen-Orient et Afrique du Nord | 3,6 | 0,8 % |
Afrique subsaharienne | 1,7 | 0,4 % |
Donc, constat sans appel , l’Amérique du Nord domine de la tête et des épaules