Le private equity, pourtant au cœur de l’économie réelle, reste largement méconnu du grand public. Hollywood, les séries et la télévision n’ont que rarement levé le voile sur ce monde feutré, complexe, souvent caricaturé comme une enclave de requins sans scrupules. Pourtant, quelques œuvres s’y sont risquées, avec des fortunes diverses. Petit panorama critique.
1. Wall Street (1987) & Wall Street: Money Never Sleeps (2010)
🎬 Réalisateur : Oliver Stone
Même si Gordon Gekko est davantage un spéculateur boursier qu’un investisseur en private equity, Wall Street reste l’archétype de la représentation du financier cupide et cynique. Le film de 1987 a ancré durablement dans l’imaginaire collectif l’idée que la finance, c’est « greed is good ».
Dans le second opus, Oliver Stone introduit le LBO, sans jamais nommer explicitement le private equity, à travers un rachat destructeur d’une entreprise familiale. Une vision caricaturale mais influente.
📺 Disponible sur : Prime Video
2. Barbarians at the Gate (1993)
📺 Téléfilm HBO, basé sur le livre de Bryan Burrough et John Helyar
L’un des rares films explicitement centrés sur un LBO, celui de RJR Nabisco par KKR en 1988. Cette satire relate l’une des plus grandes batailles de rachat à effet de levier de l’histoire. Le film met en scène les négociations, les conflits d’intérêts, et l’avidité des protagonistes. L’analyse stratégique est quasi absente.
📺 Trailer Disponible sur :https://www.youtube.com/watch?v=ZS4ENJCIYNM
3. Billions (2016–2023)
📺 Série Showtime créée par Brian Koppelman & David Levien
La série met principalement en scène des hedge funds, mais des deals de type buyout apparaissent régulièrement : rachats hostiles, manipulation de conseils d’administration, conflits d’intérêts. Le private equity y est montré comme un monde sans scrupules, brutal, excessivement compétitif.
📺 Disponible sur :
- Canal+
Paramount+
4. Industry (2020–2024)
📺 BBC / HBO
Une plongée dans le quotidien de jeunes analystes à Londres. Quelques épisodes montrent des opérations de M&A où le private equity est évoqué comme contrepartie. Traitement plus réaliste que dans d’autres fictions financières.
📺 Disponible sur : HBO
5. Succession (2018–2023)
📺 HBO
Centrée sur une dynastie de médias, Succession met en scène des fonds de private equity comme acteurs décisifs dans les batailles de pouvoir. Le personnage de Stewy Hosseini incarne l’investisseur focalisé sur la valorisation, peu concerné par l’héritage ou la gouvernance.
📺 Disponible sur : HBO
6. WeCrashed (2022)
Que je recommande chaudement!
📺 Mini-série Apple TV+ avec Jared Leto et Anne Hathaway
Raconte l’ascension et la chute de WeWork. La série met en scène la relation entre Adam Neumann et ses investisseurs, notamment SoftBank. Le cas illustre les logiques de survalorisation, de contrôle capitalistique et de retournement d’investisseur dans une startup non rentable, à la frontière du growth equity.
📺 Disponible sur : Apple TV
7. Private Equity sur YouTube et podcasts : le renouveau ?
🎙️ Podcasts & Vidéos
- Private Equity Talks sur les Podcats d’Apple
- Podcats de France Invest
- French Capital Podcast sur Spotify
Pourquoi le PE est-il si mal représenté ?
Manque de visibilité publique : contrairement à la banque ou à la tech, le PE opère dans la discrétion.
Complexité du modèle : les mécanismes de création de valeur (croissance organique, M&A, transformation opérationnelle) sont difficiles à représenter à l’écran.
Préjugés idéologiques : la dette, la revente rapide, les licenciements perçus comme corollaires du modèle nourrissent la critique.
Absence de storytelling accessible : il n’y a pas (encore) de série montrant un investisseur redressant une entreprise familiale avec tact et vision long terme.
Conclusion
Le private equity à l’écran reste soit invisibilisé, soit caricaturé. Pourtant, l’économie réelle qu’il transforme mériterait un traitement plus juste : celui de l’investisseur entrepreneur, à rebours du financier cynique. En attendant une série Netflix sur le redressement d’une PME industrielle par une équipe engagée, le PE devra continuer à défendre lui-même son image.